Du côté des responsables politiques de gauche, il y a une conviction que le fait d’attribuer des postes de vice-présidents, questeurs ou secrétaires à l’extrême droite peut contribuer à renforcer sa légitimité. Cela provoque des tensions au sein de l’ancienne majorité présidentielle.
Après l’élection d’un président ou d’une présidente de l’Assemblée nationale, jeudi 18 juillet, il y aura 21 postes importants à pourvoir : six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Depuis 2022, le Rassemblement National avait deux vice-présidents, élus grâce aux voix de certains députés macronistes. Les écologistes, socialistes et insoumis appellent cette fois-ci à faire barrage, convaincus que donner ce type de postes à l’extrême droite contribue à sa normalisation. Un socialiste insiste en affirmant que les macronistes ne répéteront pas la même erreur. C’est un sujet délicat pour l’ancienne majorité présidentielle. Les députés du parti Renaissance, du MoDem et de Horizons n’ont pas encore formellement discuté de la question.
### Débats mouvementés à prévoir
D’un côté, il y a des macronistes formels et déterminés : « il faut faire barrage au RN à l’Assemblée, c’est une question de cohérence sinon il ne fallait pas faire le front républicain au second tour des législatives ! » De l’autre côté, il y a ceux qui sont farouchement opposés à tout barrage, avec comme argument : « il y a 10 millions de personnes qui ont voté RN, on ne combat pas ses opposants en les muselant ou en les contournant », s’insurge un élu francilien, « il faut respecter les équilibres de l’Assemblée ». Ou alors, avertit un membre de l’aile droite, « il faut mettre La France Insoumise sur le même plan que le RN ». D’autres avouent que leur position n’est pas tranchée. En bref, l’ancienne majorité est partagée : qu’est-ce qui sert le plus le RN ? Lui accorder des postes à responsabilités comme les autres partis ou l’ostraciser ? « Les exclure, c’est risquer de leur donner du grain à moudre », souffle un conseiller.
Le RN est évidemment indigné face à ces tentatives de lui bloquer la route. Marine Le Pen accuse la gauche d’être « profondément antidémocrate ». Ses députés sont choqués par des manœuvres qu’ils jugent « antirépublicaines », alors que le groupe RN compte désormais 125 députés, le plus nombreux à l’Assemblée. « Nous demandons simplement le respect de l’article 10 du règlement intérieur de l’Assemblée, ni plus ni moins », affirme un député RN. Que dit cet article 10 ? Que « l’élection des vice-présidents, des questeurs et des secrétaires doit reproduire la configuration de l’Assemblée ». Il n’y a pas d’obligation, mais c’est une pratique qui vise à garantir le bon fonctionnement de l’Assemblée, en tenant compte du poids de chaque groupe politique. Un proche de Marine Le Pen espère que le RN ne sera pas exclu de ces postes prestigieux, arguant que les macronistes ne voudront pas se mettre entre les mains du Nouveau Front populaire.
Source de l’article : Francetvinfo
Pascal Petibon, né en 1980 à Lyon, est un journaliste et auteur renommé, passionné par l’information et la communication. Après avoir obtenu un diplôme en journalisme à l’Université de Paris, il a rapidement intégré diverses rédactions, où il s’est fait remarquer par son analyse pointue et son écriture claire.